Le 16 février, l’association Femmes@Numérique organisait les premières Assises nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique, au ministère des Finances et de l’Économie, à Paris. Au terme de cette journée qui a rassemblé 360 personnes, quinze mesures ont été dévoilées pour faire évoluer et amplifier les politiques publiques. Parmi lesquelles, la création d’un observatoire pour coordonner au niveau national les actions visant à l’émergence d’une culture favorable au développement égalitaire du numérique. Mais aussi le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation aux biais de genre et de valorisation des enjeux et métiers du numérique. Ou encore la création d’un cadre propice à l’employabilité des femmes dans les métiers et filières du numérique sur le marché du travail.
Car la situation est jugée « préoccupante », souligne Corinne Dajon, présidente de l’association. Si l’ambition du gouvernement est de former 400 000 expertes et experts du digital d’ici 2030 pour palier à la pénurie de talents dans le secteur, il convient de réaliser des changements profonds. Les femmes représentent aujourd’hui moins de 25 % des effectifs de la tech en France, et 8 % à peine des fonctions exécutives (chiffres Diversidays). « Nous devons à la fois réagir à l’urgence et nous inscrire dans le long terme pour mettre en place durablement les conditions favorables à l’insertion des femmes dans le numérique d’où notre rassemblement aujourd’hui qui correspond à un cri d’alerte », a déclaré la présidente.
Pour le ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications, Jean-Noël Barrot, la situation est « inacceptable ». Il a tenu à souligner que plusieurs actions étaient d’ores et déjà à l’œuvre pour favoriser la parité dans le monde du travail : la loi Copé-Zimmerman (un quota de 40 % de femmes dans les conseils d’administration) ainsi que la loi Rixain (30 % de femmes dans les instances dirigeantes d’ici 2027 et 40 % d’ici 2030). « Un certain cadre a été posé, peut-être en faudra-t-il d’autres… », a-t-il précisé.
Pour aller plus loin, « nous avons besoin que vous les femmes qui avez réussi dans le numérique, vous témoigniez […] », a-t-il expliqué. Et ce, afin de montrer « aux jeunes femmes que les métiers du numérique sont désirables et qu’elles peuvent y trouver toute leur place. Nous comptons sur vous pour jouer ce rôle fondamental. »
Chez UKG, nous organisons tous les ans en mars le Women’s history month. A cette occasion, nous vous partageons les profils de collaboratrices qui façonnent le monde de la tech. Découvrez ci-dessous trois expertes en Product Management.
Elodie Eberhardt
Cela fait déjà un moment que le monde de la Tech n’a (quasi) plus de secret pour Elodie Eberhardt. Ingénieure de formation, elle a travaillé pendant douze ans (dont deux années en apprentissage) pour un éditeur de logiciels de middleware (logiciel tiers qui crée un réseau d'échange d'informations entre différentes applications informatiques, ndlr). Au sein de cette PME, elle développe un éventail de compétences. « C’était un rôle multi-casquette, dit-elle. J’étais à la fois développeuse logiciels, tout en gérant l’implémentation chez les clients. C’était l’occasion de recueillir leurs retours d’expérience et de concevoir par la suite des améliorations produit en intégrant des fonctionnalités manquantes. » Et d’ajouter : « Ce qui m’a le plus intéressée et m’a orientée vers le produit, ce sont bien ces feedbacks. J’aime comprendre les problématiques des clients et apporter des solutions qui répondent à leurs besoins. » Pour autant, son background technique n’est jamais bien loin. « Chez UKG, cela m’aide entre autres à discuter aussi bien avec les équipes engineering que les architectes en informatique. Lorsque j’envisage une solution par exemple, il n’est pas rare que j’entre dans le détail techniquement parlant afin de m’assurer de la faisabilité technique. »
« Mes autres expériences m’ont aussi conduite vers l’agilité, avec la méthode agile Scrum. Globalement, j’ai toujours été très intéressée par les façons de travailler, l’organisation du travail, la collaboration entre les personnes. J’ai également pu me former en 2019 à la méthode SAFe, sur le rôle Scrum Master. Chez UKG, j’ai eu l’opportunité de participer à plusieurs réorganisations et implantation de nouvelles façons de travailler, ce qui a confirmé mon attrait pour ce sujet.»
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Depuis juin 2021 chez UKG, Elodie Eberhardt est passée de Product Manager sur les produits “HR data management” et “Authentication & Invitations” de HRSD, à Sr Mgr Product management. Elle gère actuellement la ligne de produits “HRSD Core”, qui englobe toutes les fonctionnalités communes entre les produits Document Manager et People Assist, la gestion de la data et les outils de Business Intelligence, et les outils internes de Configuration et de support.
Grâce à son background technique et en gérant cette ligne de produits, elle a une vue transverse et stratégique sur les fonctionnalités globales à développer dans HRSD. « Mon but est d’apporter des solutions communes à la fois fonctionnelles et techniques pour les besoins des clients ou des utilisateurs internes, tout en prenant en compte les évolutions des fonctionnalités de Document Manager et People Assist, gérés par d’autres équipes. Il faut les faire fonctionner ensemble, sur un mode commun. Cela nécessite un alignement entre les deux équipes, qui peuvent avoir des visions ou des approches différentes. C’est le but de ma ligne de produits. »
« Au quotidien, mes activités vont de l’accompagnement des Product Managers qui sont dans mon équipe, à des discussions stratégiques sur les priorités de travailler sur une nouvelle fonctionnalité. Nous participons à pas mal de réunions, entre leaders produit et engineering, où nous décidons de la suite des opérations. Je suis également amenée à rencontrer des clients, pour échanger sur leurs besoins avec nos produits. Et également à collaborer avec beaucoup d’autres équipes au sein de UKG pour construire ensemble le futur de nos produits. »
Les prochains challenges d'Elodie Eberhardt ? « Je fais encore mes armes en tant que manager. J’ai l’envie de développer mes compétences en ‘People growing’, pour faire grandir les personnes. Mais le produit et la conception des fonctionnalités sont des aspects qui me tiennent très à cœur, surtout que chez UKG nous avons toute une Suite de produits très intéressante à développer. Je laisse la porte ouverte à mes aspirations. »
Nadia Fina Fonteneau
Après des études en Finances et en Marketing à l’université Paris Dauphine, Nadia Fina Fonteneau fait ses premières armes en cabinet de conseil en stratégie. Puis, en 2008, la crise financière et économique s’accompagne pour elle d’une remise en question qui se mue en réflexion. Elle s’envole alors pour le Canada, à Toronto, avec en tête l’idée de perfectionner son anglais en occupant des petits boulots. Cependant, ce n’est ni en tant qu’hôtesse ou serveuse qu’elle mène son aventure outre-Atlantique. En effet, elle décroche un emploi en marketing dans l’industrie du jeu vidéo. Entre rétention et acquisition des joueurs sur titre de type FPS (first person shooter), elle se frotte aux sujets tech et à la stratégie produit. De retour en France, elle rejoint un autre game studio où elle occupe une fonction hybride et interagit avec des développeurs, game designers tout en ayant une compréhension fine des enjeux du marché.
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« A cette époque, il n’y avait pas encore de rôle clairement identifié pour une personne capable de travailler avec des développeurs pour construire un produit et de comprendre dans le même temps ce qu’il se passait sur le marché », dit-elle. Ce rôle de Product Manager, elle le fait sien peu après via THIGA, l’un des premiers cabinets de conseil parisien, spécialisé dans le product management.
Pour occuper cette fonction, Nadia Fina Fonteneau rappelle que s’il faut être polyvalent, une sorte de clé de voute entre le business, la tech et l’expérience utilisateur (UX), il faut également un bagage de soft skills : curiosité, humilité, capacité d’écoute et de synthèse. « C’est comme un chef d’orchestre qui doit travailler avec tous les métiers. Tu te sers de tes acquis pour travailler avec plein de personnes aux expertises différentes. Il faut avoir la curiosité et l’ouverture d’esprit de regarder ce qui se passe dans d’autres domaines et disciplines, pour te rendre compte que telle idée proposée vaut le coup d’être testée et lancée. »
« Aujourd’hui, en tant que Senior manager, je suis amenée à gérer des équipes pluridisciplinaires : ça peut aller de product managers qui ont un produit ou un pan de fonctionnalités à gérer aux UX designers ou parfois des profiles orientés data. Je m’assure de la stratégie de toute une ligne de solutions. Je manage un système et non des personnes. Je m’inscrit plus dans la mouvance du servant leadership : je vérifie que les collaborateurs ont suffisamment d’autonomie et qu’ils ne rencontrent pas de blocages. Je m’assure que nous sommes dans une logique d’amélioration continue. Et surtout, je fais confiance. »
Son inspiration, elle la puise dans divers domaines : art et architecture (j’ai beaucoup d’amis qui travaillent dans ces 2 domaines, ils m’apprennent beaucoup de choses!), musique (j’apprend à chanter!), cuisine (je cuisine souvent), littérature (En ce moment je m'interesse aux d’essais/oeuvres sur la condition de la femme d’aujourd’hui, De Mona Chollet à Virginie Despentes). La digitalisation de l’Afrique me passionne aussi (je suis née au Congo et y ai vécu 17 ans de ma vie), c’est un terrain où l’innovation est folle.
Je m'interesse également aux parcours et récits de personnalités majeures à l’instar de :
- Toutes les femmes de la Tech, surtout celles qui s’exposent et partagent leurs expériences sur de vies de femmes passionnées par leurs métiers, souvent obligées comme moi à jongler avec le fait d’être aussi mères :
- Marissa Mayer, ex-PDG de Yahoo, qui a été dans ses débuts en charge des produits de Google Search et de l’expérience utilisateur.
- Sheryl Sandberg, ancienne COO de Facebook, autrice du livre Lean in! - J’ai toujours été convaincue des bienfaits de l’Agilité ou du Lean : je suis donc beaucoup les travaux de Jurgen Appelo ou encore de Ash Maurya.
Prochains challenges : « L’avènement des intelligences artificielles m’interroge sur comment faire du produit demain. J’ai l’envie de mieux les utiliser et de créer des choses uniques. »
Nicole Harris
Contributrice à la technologie Open Source, lauréate de la Python Software Foundation, animatrice de conférences… A n’en pas douter, Nicole Harris est un membre émérite de la communauté tech. Pourtant, rien ne prédestinait l’experte à une telle carrière. Car à l’université, c’est un cursus en art qu’elle entreprend. Son diplôme en cinéma et photographie en poche, elle décide de créer un portfolio en ligne afin de mettre en avant ses créations et animations réalisées au cours de ses études. C’est son appétit pour apprendre de nouvelles compétences qui lui ouvre alors les portes inattendues du monde de la tech : « Je n’avais aucune certitude sur ce que je voulais faire comme métier. En créant mon portfolio, je me suis passionnée pour les processus de construction d’un site Internet. C’est comme ça que mon aventure dans la technologie a débuté. »
De fil en aiguille, l’autodidacte devient webdesigner dans une agence de marketing et crée des sites web. HTML, CSS, JavaScript n’ont plus de secret pour elle. Plus tard, en déposant ses valises en Australie, elle lance sa propre agence web avec son compagnon (titulaire d’un diplôme en psychologie devenu développeur en dehors des sentiers battus). « Nous sommes passés de deux personnes sans diplôme en informatique à une agence avec des consultants, créant à la fin une application pour le département de la Santé de l’Etat de Victoria ! »
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Puis, il y a sept ans, le couple décide de poursuivre son incroyable aventure en Europe où il rejoint PeopleDoc (devenu UKG). Nicole Harris occupe alors le poste de « designer slash développeur ». Elle monte en compétences et en responsabilités. Quand elle ne recrute pas les premiers UX designers de l’organisation, elle développe l’équipe d’ingénieurs, devenant manager du design, de l’accessibilité et de l’internationalisation. « Nous étions une entreprise en hyper croissance et j’ai eu la chance de gérer une équipe pluridisciplinaire. J’ai beaucoup appris au cours de ce processus. » Et d’ajouter : « Après mon congé maternité, je suis devenue manager Produit. Si vous pensez à la gestion de produit comme une discipline, il y a en quelque sorte comme trois cercles de compétences qui se croisent : le design, la technologie et le marché. J’avais très envie de mieux connaître l’aspect business. Mon rôle à l’époque était très opérationnel. Aujourd’hui, j’ai encore évolué et mon rôle est beaucoup plus stratégique : pourquoi développons-nous ceci ? Que devrions-nous construire à l'avenir ? Quelles innovations pouvons-nous apporter au marché ? »
Reconnue pour sa contribution au développement de la tech, Nicole Harris a déjà les yeux rivés sur son prochain challenge : développer son expertise, injecter de l’innovation, créer du changement. Ce qui la motive avant tout, c’est bien le processus de création : « A l’école, ma matière préférée était l’art. Je dessinais, peignais, etc. Avec la création de logiciels, je retrouve cette même énergie. Le processus de création est pour moi ce qui est le plus motivant et inspirant. Dans mon métier, vous participez à la création d’une technologie que vous diffusez dans le monde. C’est une œuvre collective et une autre forme d’expression. »